Ah cette technique alors, en tant que professeur de piano, je peux confirmer que très rapidement mes élèves bloquent sur des passages qui leur semblent insurmontables, inaccessibles, infranchissables, et pourtant, après quelques heures, quelques jours, les problèmes rencontrés ne sont plus qu’un vieux souvenir lointain, banal, comme un anniversaire d’ami que nous aurions oublié.
Mais la technique pianistique en réalité c’est quoi ?
Est-ce un don ?
Le résultat de plusieurs heures de travail acharné ?
Ou tout simplement l’achat d’une prothèse de main bâtie sur mesure de Franz Liszt.
La virtuosité pianistique veut tout dire et rien dire en même temps ; pour certains, la virtuosité pianistique sera de jouer le plus grand nombre de notes possibles en un minimum de temps, pour d’autres, la virtuosité pianistique sera basée sur la qualité sonore, le raffinement du son. Un sublime pianissimo n’est pas toujours si simple à réaliser. Personnellement, je pense que la virtuosité est un sujet vaste et controversé, et ce sujet doit être traité avec réflexion et minutie.
Cela dépendra bien entendu de ses attirances pour un style musical, mais aussi de ses aptitudes physiques, taille de la main… ; je pense également que les capacités intellectuelles restent indissociables de la technique car ne l’oublions pas, le cerveau contrôle les mains.
Je vais dans cet article vous aider à aborder sereinement et vous transmettre le bon comportement à adopter face à une quelconque difficulté que vous pouvez rencontrer sur une ballade, une fantaisie, ou un scherzo de Chopin, mais aussi pour des pièces musicales plus accessibles comme par exemple cette fameuse arabesque de Debussy où mes élèves mettent un temps fou à mettre en place des triolets sur des croches soit du “ trois pour deux ”.
Certains de mes élèves me disent souvent :
“Je ne jouerai jamais ce morceau, il est bien trop rapide”,
mais aussi “la vitesse ça sert à en mettre plein la vue”.
Je peux comprendre mais malheureusement la technique pianistique fait partie de la musique dans son état général, et si je peux me permettre la virtuosité peut exprimer beaucoup de poésie et d’émotion.
Ah vos gammes les amis…
“Faire du piano c’est comme faire un marathon, il faut être endurant”.
Afin d’atteindre une technique bien précise, il est nécessaire de mettre fortement à contribution son esprit et ses possibilités anatomiques (longueur des doigts, des bras, également la taille de la personne, le dos, les avant-bras) car vous le savez certainement quand nous faisons du piano, tout notre corps est mobilisé.
Vous allez me dire que c’est évident, certes, mais beaucoup de mes élèves n’utilisent pas la totalité des possibilités de leur corps ; une assise instable rendra certainement un son moins précis, moins dynamique, et rythmiquement instable etc…
Un pianiste professionnel sait à quel moment il doit faire intervenir plus de douceur au niveau des avant-bras, ou plus de force quand l’œuvre le demande.
Le corps joue un rôle très important ne l’oublions pas.
Il arrive à mes élèves lorsque ils jouent une œuvre à tempo plutôt rapide de me dire : “Anthony, j ai mal à la main” ma réponse est très simple, mauvaise position, ou sinon trop de tension dans les mains et les avant-bras, oui car mes élèves pensent qu’en forçant, ils vont pouvoir aller plus vite.
Et oui, car la tendinite arrive plus vite qu’on ne le croit…
Je dirai qu’il faut faire corps avec son instrument, sans éprouver la sensation que c‘est un outil difficile ; je pense qu’à un certain niveau, le piano et son maitre ne forment qu’un, le piano devient alors le reflet de l’âme de celui qui le joue.
Oui je sais me montrer délicat quand il le faut, car jouer une fantaisie de Mozart ne demande pas la même émotion que jouer un nocturne de Frédéric Chopin.
En cours avec mes élèves, très régulièrement je leur demande comment te représentes-tu une partie très rapide d’un mouvement, et je leur dit “la vitesse extrême, c’est la lenteur accélérée”.
Bien entendu à force de travail, à tempo très lent, notre cerveau emmagasine des automatismes, des réflexes ; si ce travail est bien appliqué et que la synchronisation des deux mains est en place, à ce moment-là le phrasé pourra être exécuté sans aucune difficulté. Mais surtout travaillez à vitesse modérée afin de prendre les bons automatismes.
Vous me direz bien sûr, mais rares sont mes élèves qui prennent le temps de travailler lentement malheureusement ; mes chers élèves, jouer lentement est la clef du succès.
Dans cette grande aventure qui est l’apprentissage du piano, le pianiste débutant ne doit pas être pressé d‘aboutir à une technique flamboyante, bien au contraire une prise de contact avec le piano est à mes yeux un maillon indispensable à l’évolution de mes élèves.
Pour conclure, jeter un élève débutant dans des pièces pianistiques trop techniques est une erreur pédagogique.
Je constate également chez de nombreux professeurs de piano, une tendance à schématiser l’approche de la technique .
Très souvent dans les méthodes d’exercices techniques, les tonalités sont en Do majeur, avec une fâcheuse tendance à dénigrer les autres tonalités.
Bien évidemment ,l’argument est de faire constater qu’une lecture avec aucune altération à la clef est plus aisée pour un débutant qu’une tonalité avec cinq bémols ou quatre dièses.
En revanche, certains types d’exercices comme les gammes par exemple méritent d’aller plus loin, et pourquoi ne pas commencer par celles qui on le plus d’altération et en éliminer petit à petit.
Pour conclure cet article, je pense que la technique est avant tout psychologique.
Musclez votre esprit, travaillez intelligemment, lentement et les doigts suivront.
Martha Argerich disait pourquoi faire des heures d’exercices techniques alors que tout est dans les œuvres.
Et oui cela fausse beaucoup l‘image que nous avons de tous les grands virtuoses.
Sur ce, à vos gammes mes chers lecteurs.
Et merci de votre lecture.
Atz Music
Anthony Tellez
Professeur de piano
